Profondément, nous aspirons au bonheur, nous aspirons à la paix… mais nous allons vers la guerre, vers le malheur. Nos aspirations ne sont pas en rapport avec nos choix. Hier, quelqu’un disait : « Nous sommes sous influence. » Les dirigeants de ce monde veulent nous soumettre à leurs valeurs, à celles du profit, de la renommée, du pouvoir. Et même si nous rêvons d’un monde meilleur pour nos enfants, cela ne sera pas…
Les « grands dirigeants » ne sont que des enfants capricieux. Même s’ils voyagent en avion supersonique, ils sont tout à fait capables d’appuyer sur le bouton de la destruction.
Nous aussi, à notre échelle individuelle, nous suivons leurs valeurs, celles du profit et de la renommée. S’éveiller, c’est sortir des calculs, des stratégies mentales pour augmenter sa consommation, son confort, son plaisir… parfaire son image aux yeux des autres, avoir leur soutien.
Soumettre l’univers à notre égoïsme : il n’y a pas que les dirigeants bornés, infantiles qui font cela… nous aussi !!! Croire : « Je suis une entité autonome, séparée du reste de l’univers, je suis une entité éternelle qui possède ma vie, qui possède mon activité physique et psychique » – croire en cette idée, qui bien sûr est fausse, c’est la racine des mauvais choix. C’est la racine des Je veux, je ne veux pas. Cette incapacité capricieuse à vouloir tout décider, tout contrôler, pour moi, pour le moi et le mien, c’est la racine du malheur.
Je sais que ces paroles vous dérangent, vous agacent. Vous pensez qu’elles sont exagérées, mais surtout qu’elles ne vous concernent pas.
Oui, nous vivons dans ce monde, il n’y en a pas d’autres. Mais nous ne sommes pas obligés de partager les valeurs de l’avidité, de l’aversion et de la bêtise.
S’éveiller, c’est sortir des griffes des trois poisons (avidité, aversion, ignorance). Sortir de la bulle du mental, dirigée, construite par le moi : « Je veux, je ne veux pas… Je suis prêt à tout pour satisfaire mes rêves égoïstes. » La plupart d’entre nous et de nos contemporains vivent dans la bulle du mental. Il est important d’en sortir et de vivre au contact de la réalité. C’est très difficile. On voit que ces grands enfants stupides qui nous dirigent sont incapables d’abandonner leurs opinions erronées. Pour certains, ce sont les valeurs de l’argent, pour d’autres les valeurs du pouvoir, de la guerre… Mais je le répète, nous ne sommes pas différents d’eux.
Il est difficile pour chacun de nous de lâcher prise, d’ouvrir la main de la pensée. Certains ne l’ont même jamais imaginé comme une possibilité.
Pour les personnes qui ont l’habitude de ne vivre que dans la sphère de l’ego, zazen est très, très difficile. Il leur semble que si elles abandonnaient leur ego, elles disparaîtraient. Un effroi les saisit.
Leur force, c’est la force de l’ego. Quand zazen, tout doucement, déconstruit cet ego, pulvérise cet ego, vaporise cet ego, elles ne peuvent pas le supporter. Elles ne veulent pas ouvrir la main de la pensée. C’est difficile, effectivement, de lâcher prise au monde de l’ego. Mais ne vous trompez pas : quand vous lâchez prise à toutes vos conceptions, toutes vos opinions, c’est l’existence pure qui vient à la vie, c’est la liberté inconcevable.
Libre du moi, libre de tout. Libre de toute saisie : c’est l’esprit de Bouddha, c’est notre esprit véritable qui ne s’accroche à rien, qui ne s’appuie sur rien.
Taiun JP Faure, septembre 2025