Assis en zazen, sans chercher à attraper la vérité, sans chercher à éviter les illusions, laissez l’esprit se laver au son pur du présent. Plutôt que d’entretenir son agitation mentale, laissez l’esprit se laver au son pur du présent : abandonnez sans regret les vues anciennes, abandonnez les idées reçues, accédez à l’esprit neuf, à l’esprit zen.

Notre esprit est surchargé de toutes sortes d’informations. Accéder à un esprit neuf, ce n’est pas accumuler des connaissances. C’est se dépouiller de toutes les images, de toutes les idées reçues, de tous les points de vue. Ne cherchez pas la vérité dans les cendres froides, mais bien plus, tenez-vous présent dans la vie qui palpite à chaque instant.

Assis en zazen, la tête sur les épaules, contemplez le véritable aspect de toute chose dans l’ici et maintenant. Il n’y a pas de bonheur plus grand. Ce bonheur, c’est avant tout la paix, la tranquillité. C’est un bonheur qui ne dépend de rien, que l’on peut toujours retrouver, en toute situation, même sur son lit de mort, même si l’on est malade.

Aussi, arrêtez de vous inquiéter, arrêtez de vous agiter, arrêtez de vous plaindre. Goûtez à la joie pure de l’existence pure, un bonheur qui ne dépend de rien, qui est en fait votre profonde nature, qui existe dès que vous abandonnez les vagabondages de votre esprit.

Ne suivez pas l’esprit du mendiant. Cet esprit éveillé, lavé de toute souillure, cet esprit en paix n’est pas à demander aux autres ; il existe en vous. Ne le cherchez pas dans les mots, dans la rumeur, ne le cherchez pas chez les autres, mais trouvez-le par vous-même. Pour cela, il suffit d’une silencieuse coïncidence avec la réalité, en laissant passer tout ce qui apparaît à la conscience, en acceptant tout ce qui apparaît à la conscience. Simplement, ne vous accrochez à rien.

L’esprit véritable, c’est l’esprit qui ne s’accroche à rien. Il est à la portée de tout le monde. Il suffit de ne pas chercher à gagner quoi que ce soit. Si cette pratique vous est difficile, c’est parce que vous ne croyez pas que perdre les illusions, c’est gagner la réalité. Perdre les vues anciennes, c’est gagner un esprit neuf. Perdre l’agitation mentale, la folie, c’est gagner la paix éternelle.

En zazen, il s’agit d’être totalement neutre. Neutre vis-à-vis de ce qui apparaît, neutre vis-à-vis de ce qui disparaît. Neutre veut dire : ne rien faire, être totalement passif, seulement contempler l’apparition et la disparition de toute chose.

Quelqu’un qui a bien connu Che Guevara disait qu’il avait consacré toute sa vie à libérer les peuples, mais qu’en fait, il n’aimait pas les gens. Il aimait la guerre. Seul l’amour véritable peut changer le monde.

Accepter ce qui s’en vient, accepter ce qui s’en va, tel est l’amour véritable. « Je ne veux pas que cela existe ! » « Oui, mais ça existe ! ». Ce n’est pas par la guerre que le monde change dans la bonne direction. N’établissez pas des liens d’aversion avec la réalité, n’établissez pas non plus des liens d’avidité avec la réalité, n’établissez pas des liens d’ignorance avec la réalité.

Ouvrez vos yeux de profonde sagesse. Acceptez ce qui s’en vient, acceptez ce qui s’en va. C’est difficile. Il n’y a rien à faire pourtant. Seulement ne pas dormir, seulement ne pas agiter son esprit.

Quand votre esprit se met à vagabonder sur les chemins poussiéreux, ne le suivez pas dans ses vagabondages. De lui-même, il revient alors à l’esprit toujours neuf. Quand vous fuyez la réalité, que vous ne voulez pas la voir, quand vous glissez dans le sommeil, ne suivez pas votre esprit dans le sommeil. Ramenez-le dans la lumière de l’esprit originel. Accueillez ce qui s’en vient, laissez partir ce qui s’en va.

 

Taiun JP Faure, février 2021

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