Quand les trois poisons sont au coeur du monde religieux et politique : Persécution des Rohingya en Birmanie

Aujourd’hui, des musulmans, les Rohingya, sont persécutés en Birmanie par des bouddhistes. A la tête de ce mouvement, on trouve Ashin Wirathu. Ashin Wirathu, qui n’a de moine bouddhiste que le titre mais pas le fonctionnement, est un homme politique, un homme de pouvoir haranguant les foules, parlant à ce qu’elles ont de plus vil, les fédérant autour de lui, dans la haine des autres.
Il y a souvent eu dans l’histoire des collusions entre le religieux et le politique et cela a toujours été néfaste. En effet historiquement, les Rohingya vivaient plutôt sur des territoires à majorité musulmane — ils venaient du Bangladesh. Si on s’arrête à ce fait historique, si on y ajoute le nationalisme de la junte birmane — Birmanie qui, elle, est majoritairement bouddhiste — on peut en venir à opposer un nationalisme bouddhique à des envahisseurs musulmans. On est dans ce cas-là bien loin de la vision bouddhiste où tous les êtres humains sont de même nature et les rapports entre eux gérés par un cœur pur et compatissant, pur de toute discrimination, de tout racisme.

S’appuyer sur la différence de statut religieux et national, comme le fait le moine Ashin Wirathu qui désigne des membres d’une autre religion comme bouc émissaire, cause de tout ce qui ne va pas dans le pays, est une perversion grave du religieux. On pourrait même parler d’une guerre sainte bouddhiste, d’un radicalisme bouddhiste qui vise, par la violence, à imposer son hégémonie.

Ashin Wirathu est prisonnier d’une approche mentale, dualiste et guerrière. Sa vision de la réalité est déformée par la haine et l’ignorance, il ne voit pas les choses avec son œil de Bouddha, avec un esprit lavé de toute aversion, de tout intérêt.

On aurait envie de dire que ces actes de persécution et ceux qui les commettent ne sont pas bouddhistes puisqu’un bouddhiste ne devrait pas céder aux illusions qui sont dans ce cas des constructions mentales nationalistes, identitaires.

Pour un pratiquant de la voie du Bouddha, toutes les formes de vie doivent être protégées, tous les êtres humains sont ses frères et sœurs. Pour un religieux authentique, l’ennemi n’est pas à chercher à l’extérieur mais à l’intérieur de nous-mêmes. La pratique de zazen nous permet de voir les trois poisons qui nous animent, à savoir l’ignorance, l’avidité et l’aversion, et de ne pas leur donner suite. Nous retournons ainsi à notre nature originelle, nature de Bouddha et nous nous efforçons d’agir dans le monde animé par la sagesse et la compassion des bouddhas.

Nous condamnons totalement les agissements d’Ashin Wirathu et nous envoyons toutes nos prières aux musulmans Rohingya de Birmanie.