En zazen, les tensions inutiles doivent être abandonnées. Par contre, imperceptiblement, pressez le sol avec les genoux, poussez le ciel avec le sommet de la tête. Cette tension imperceptible, c’est la tension de l’éveil. Parfois, on la compare à la tension des jeunes pousses de jonquille qui percent la terre gelée au printemps. Sans aucune rigidité.

Maintenez la posture la plus juste possible, totalement immobile, exactement verticale, sans tension inutile, la posture qui manifeste librement la vie de Bouddha, qui reçoit sa vie à chaque instant de l’univers.

C’est la pratique de l’absorption unifiante. On absorbe toutes les taches, tous les dysfonctionnements. On devient en unité avec toutes choses. Comme un buvard qui absorbe la tache d’encre. Dans notre cas, ce qui est de trop, ce que l’on appelle « la tache », c’est une activité déplacée, excessive du mental qui nous sépare de l’unité.

Il ne s’agit pas de fabriquer la réalité, mais de se laisser saisir par la réalité. Une activité mentale désordonnée nous enferme dans un monde fabriqué, celui des concepts, des conceptions.
L’attention portée à la posture, la délicatesse, la présence à la juste posture, c’est ce qui nous ouvre à l’infini, à l’infini des formes aussi bien extérieures, qu’intérieures.

S’offrir nu à la réalité de Bouddha. Laissez tomber toutes vos conceptions erronées, toutes vos fabrications.

Sans armure, sans protection. Se laisser saisir par la vérité, par la réalité de l’univers. Cela demande de ne rien faire, ou plutôt de ne pas laisser les souillures, les rigidités s’installer. Si l’on n’accepte pas cette ouverture du cœur, c’est-à-dire de laisser toutes choses nous aller droit au cœur sans intervenir, à ce moment-là on calcule, on invente des stratégies, on cherche à éviter ce qui nous revient, on cherche à obtenir ce qui n’est pas pour nous. On est envahi de flux toxiques, de pensées.

S’il vous plait, tenez-vous droit, immobiles, sans peur, ouverts avec majesté à la réalité de Bouddha. Aussi bien intérieure, qu’extérieure, sans séparation. Quand vous pratiquez ainsi, ouverts, en continuité avec tout l’univers, vous résolvez le problème de la naissance et de la mort.

Taiun Jean-Pierre Faure, Jeudi 22 septembre 2016