Les hommes politiques, si honnêtes soient-ils, ne travaillent que sur les conditions extérieures aux personnes et n’apportent ainsi que des réponses insatisfaisantes. Leur souci n’est pas de résoudre le karma des êtres humains. Toute société reconnaît qu’elle doit protéger les faibles, les déshérités, les handicapés – les protéger de la domination, de la violence, en un mot : de l’égoïsme. Elle doit aussi les aider dans les domaines où ils sont défavorisés et ne peuvent pas faire face par eux-mêmes. C’est le devoir d’un état de droit de penser sa gouvernance en termes de respect, de fraternité, de partage…

Il n’en reste pas moins que les citoyens peuvent à tout moment ne pas suivre ces lois et suivre en revanche les trois poisons. Contourner les lois habilement, déjouer le travail de la justice et de la police est possible, il suffit d’être suffisamment malin pour ne pas se faire prendre, suffisamment dissimulateur pour donner une bonne image de soi tout en suivant un égoïsme dissimulé.

Les lois édictées par un état démocratique comme la France s’appuient sur les valeurs d’égalité, de liberté, de fraternité. Elles permettent, dans l’absolu, de vivre en harmonie et en paix les uns avec les autres. Pour cela, elles donnent des droits et des devoirs à ses citoyens. Mais il ne faut pas oublier ce que chaque citoyen peut et doit faire pour la collectivité. Certains font preuve de responsabilité, prêts à aider, à donner, à partager, alors que d’autres, au contraire, ne veulent que profiter. C’est là le problème : il se situe dans le cœur des êtres humains. Et là, les politiques ne peuvent pas grand chose. C’est un problème de conscience, d’ouverture du cœur.


La République (étymologiquement : la chose publique) est fondée sur les valeurs de liberté, de fraternité, d’égalité. En démocratie, ses responsables politiques sont chargés de faire vivre les citoyens en paix les uns avec les autres, dans le respect les uns des autres, dans la fraternité, dans une égalité mutuellement reconnue et dans une liberté qui s’arrête où commence celle de l’autre.

Le monde change, il faut sans cesse faire vivre ces valeurs dans de nouveaux contextes, tenant compte de nouvelles contraintes dans un nouvel ordre du monde. Les responsables politiques doivent donc faire appliquer les lois et en créer de nouvelles ; ils sont bien sûr censés les suivre eux-mêmes et donner l’exemple – c’est à ce titre qu’ils sont élus. En regardant autour de soi les malhonnêtetés, les tricheries, les procès qui tournent autour de l’abus de confiance et des conflits d’intérêt – et qui vont jusqu’aux crimes de sang – nous pouvons comprendre que les politiques ne peuvent pas tout.

Là encore, on peut voir que des hommes politiques chargés de la noble tâche d’être au service de la société peuvent être – à leur insu pour certains, consciemment pour d’autres – manipulés par l’avidité, par l’aversion et par l’ignorance.

En un mot personne, s’il n’y prend pas garde, n’échappe à l’emprise des trois poisons. On ne peut donc pas demander à une puissance extérieure, qu’elle soit « divine » ou politique de régler les problèmes karmiques, intimes, à notre place.