Lorsque nous montons à la salle des nuages [le dojo], il faut savoir ce que l’on va y faire.

On vient s’asseoir shikantaza, seulement s’asseoir. Chaque fois que nous prend l’envie de faire autre chose, il faut l’oublier. On vient dans la salle des nuages pour s’oublier soi-même.

S’oublier soi-même ne doit pas être confondu avec « suivre son karma » ; c’est précisément le contraire. S’oublier soi-même, c’est ne pas suivre son karma. Cette pratique est à maintenir tout au long du zazen. Quand on s’assied en zazen, on se fixe comme but de ne pas bouger devant les assauts du karma, de ne pas se préoccuper de ce qui apparaît et ce qui disparaît, de ne pas chercher à retenir certains aspects et à en rejeter d’autres.

Cette attitude que l’on pratique en zazen, qui est l’essence du zazen, est à amener dans notre vie. Quand nous faisons quelque chose, nous ne devons pas nous détourner de notre activité.

Nous devons comprendre ce que nous faisons durant notre voyage sur terre. Nous devons clarifier le sens de notre vie, vers où l’on doit marcher, comment on doit marcher.

Dès le début, quand on entre dans la Voie, on prononce ces paroles, namu kie Butsu, je fais le vœu de fonctionner comme un bouddha, de maintenir l’état de bouddha, de ne pas poursuivre les trois poisons. Cela se pratique ici et maintenant, dans la salle des nuages, à chaque instant, la tête sur les épaules, la respiration libre, profonde, totale.

Il y une image très parlante : les chiens aboient, la caravane passe. Rien ne détourne la marche pesante et assurée de la caravane. On ne peut pas se permettre de perdre la moindre minute : la vie de la caravane est en jeu. Si la caravane n’arrive pas au point d’eau avant la nuit, elle encourt de grands dangers. C’est très facile de se perdre. Ne soyons pas des voyageurs perdus dans notre tour du monde.

C’est cela que l’on appelle la pratique impressionnante des bouddhas : quels que soient les phénomènes que l’on rencontre, on continue d’avancer régulièrement. Que les phénomènes soient attractifs ou, qu’au contraire, ils nous dérangent, on maintient la pratique, on maintient l’esprit ouvert.

Tel est gyoji, la pratique du moine, la pratique maintenue.

Taiun JP Faure – Mars 2018
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